ARTUR, celui qui a retrouvé son identité

(actualisé le ) par Webmestre 2 de RESF78

Bonjour à toutes et à tous.
Je m’appelle Artur, j’ai 26 ans et je suis de nationalité Arménienne.
Je suis arrivé en France en avril 2008.
Je vais vous raconter mon histoire un peu particulière.

Le mont Ararat le symbole de l’Arménie

En 2008 j’ai dû quitter l’Arménie car la situation était très difficile pour moi, ma sœur et ma mère. Entre 1988-1994, il y a eu la Guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Cette guerre n’a pas fini sans avoir laissé une forte conséquence sur nous car mon père est mort dans le combat. Vu que ma mère est née en Azerbaïdjan et qu’elle a des racines azéries, cela a posé un véritable problème après le décès de mon père. Nous étions très gravement agressés du côté de la famille de mon père.
La vie pour moi et ma famille n’a été qu’une bataille de survie. Pendant toutes mes années de scolarité j’ai eu des problèmes avec mes camarades car ils me traitaient comme fils d’azérie. C’était juste des problèmes d’enfance mais plus mon âge montait, plus les problèmes étaient graves.

À l’âge de 18 ans en Arménie, j’étais censé me présenter au service militaire car en Arménie faire l’armée est obligatoire pendant 2 ans. Vous imaginez être d’une mère azérie et s’engager à être un soldat arménien ! Ça n’était pas possible. En plus ma mère était strictement contre car elle avait déjà perdu un homme dans sa vie et ne voulait pas en perdre un autre.

En avril 2008, j’ai quitté l’Arménie avec ma famille pour rejoindre la France, mon pays d’accueil. C’est là où ma vie a changé, où j’ai retrouvé la sécurité et une vie en liberté comme tout le monde.

Mais attention cela a été difficile car au moment de déposer sa demande d’asile ma mère a été mal conseillée et elle a décidé, par peur, de déclarer un autre état civil. C’est là qu’a commencé ma vie administrative difficile car j’ai été scolarisé avec un faux nom de famille.

J’ai rencontré le RESF pour la première fois dans le 93 et c’est JMD responsable de la LDH (ligue des droits de l’homme) qui m’a aidé pour faire mes démarches auprès de la Préfecture de Bobigny pour obtenir une régularisation. Mais cela n’a pas été facile car je n’avais aucun document prouvant ma fausse identité. Je le remercie infiniment de son soutien.
J’ai réussi mon CAP et mon bac-pro en carrosserie. Ayant participé au concours du meilleur apprenti de France, j’ai obtenu la médaille d’or ; cela m’ a donné un coup de pouce pour mes démarches auprès de la Préfecture. On a réussi à régulariser ma situation en 2013. Pendant plusieurs années, j’ai vécu avec cette identité qui n’était pas la mienne.

J’ai enfin retrouvé la personne à qui ma mère avait confié nos véritables documents. Je savais que cela serait difficile, que je risquais de redevenir un sans-papiers, mais je voulais retrouver ma vraie identité. Avec l’aide de JMD et le soutien de Mme Henriette Zoughebi, ancienne vice-présidente du Conseil Régional d’Île-de-France, puis du RESF 78 car j’ai dû déménager au milieu de la procédure...., et après de longs mois, j’ai réussi à obtenir un titre de séjour sous ma véritable identité.

Aujourd’hui je suis marié et j’attends un fils. Je peux lui donner mon véritable nom de famille. Je suis très fier. Je n’oublierais jamais tout ce qu’a fait pour moi le RESF. Je voudrais tout simplement dire à tous, qu’il ne faut jamais baisser les bras et toujours continuer à se battre pour réussir.

Je tenais aussi à préciser que tout ce que j’ai dit contre l’Arménie, j’en suis vraiment désolé car cela reste mon pays d’origine malgré tout ce que j’y ai vécu.

Merci à tous. J’espère que mon histoire va apporter des idées à ceux qui ont le même problème ou un autre. Bonne continuation et bonne chance !