COLLECTIF DES SANS PAPIERS DES YVELINES

LA PREFECTURE SOUS SURVEILLANCE LES RAISONS D’UNE MOBILISATION SANS PRECEDENT

par Webmestre de RESF78

Durant deux semaines du 6 au 19 février, les sans papiers des Yvelines ont occupé la maison de quartier Gérard Philipe aux Mureaux pour obtenir leur régularisation. Revenons sur les raisons qui ont motivé cette mobilisation exceptionnelle.

CEFY - tract du 25-02-09

DES RECEPISSES SANS AUTORISATION DE TRAVAILLER

Des délais incompréhensibles d’examen des dossiers

Les sans-papiers reçoivent un récépissé sans autorisation de travailler lorsqu’ils demandent l’examen de leur dossier à la Préfecture.
MAIS les renouvellements de ce récépissé se succèdent pendant des mois sinon des années sans qu’une décision intervienne. La seule réponse est : situation en cours d’examen, sans qu’aucune raison ne soit donnée.

° Longue présence en France

Celles et ceux qui sont en France depuis dix ans minium doivent fournir des preuves de leur présence et de leur intégration. La Commission du Titre de Séjour doit alors donner son avis.
MAIS les délais sont ahurissants ! Il n’est plus possible d’en rester là !
Soit la préfecture régularise sans passer par la commission, soit elle indique au moins l’autorisation de travailler sur le récépissé.

° Vie privée et familiale

Celles et ceux dont les liens familiaux principaux sont en France (parents, frères et sœurs, conjoint(e), enfants) sont aussi pénalisés par la position des pouvoirs publics. Les conventions internationales signées par la France existent sur le « droit de vivre en famille » ou « l’intérêt supérieur de l’enfant » ...
MAIS les préfectures font aussi traîner en longueur et les récépissés se succèdent encore pendant des mois et des années...

° Maladie

Celles et ceux qui ne peuvent se soigner dans leur pays d’origine, demandent un titre de séjour.
MAIS là aussi l’attente est très longue et les refus fréquents. Les médecins inspecteurs de la DDASS ne sont pas assez nombreux. En vain le CEFY a demandé leur augmentation. Et souvent le médecin inspecteur répond que la maladie peut se soigner au pays d’origine...

Avoir un papier sans autorisation de travailler ne permet pas de gagner sa vie. Alors comment s’étonner du fait qu’il faille trouver d’autres moyens pour travailler !!!

UN TRAVAIL SALARIE NON RECONNU

Les raisons pour lesquelles des millions de gens émigrent dans le monde depuis tant d’années, sont connues et incontournables : la misère, la guerre, la répression féroce, souvent résultant de politiques coloniales non résolues... mais aussi l’aspiration naturelle des hommes à circuler librement sur terre ...

Ceux qui disent que les sans papiers prennent le travail des autres se trompent.

En France, il y a des métiers où il manque cruellement du monde. Que ce soit dans le bâtiment et les travaux publics, que ce soit dans l’hôtellerie et la restauration, que ce soit dans le nettoyage et la collecte des déchets, que ce soit pour les emplois de proximité chez les gens, que ce soit pour l’intérim (même si on le déplore), les besoins existent. C’est pourquoi les employeurs se sont montrés si peu vigilants sur les fausses cartes ou sur la comparaison des photographies. Trouver quelqu’un qui accepte des conditions de travail difficiles avec des horaires compliqués pour une paye au SMIC, arrange bien les patrons. Prétendre, comme l’ont laissé entendre certains responsables de la préfecture, que les jeunes des cités en « échec scolaire » devraient tous accepter d’être plongeurs, manœuvres sous les intempéries, sur les chantiers ou collecteurs des ordures, revient à mépriser les aspirations de ces jeunes.

Certes, le gouvernement a été obligé de reconnaître que l’immigration dite « choisie » ne concerne pas seulement des techniciens supérieurs, des ingénieurs et des cadres.

Il a été contraint d’accepter les dossiers présentés par les organisations syndicales.

Un processus de régularisation des salariés sans papiers est en cours, mais il laisse beaucoup trop de monde sur le bord de la route. Certains métiers, les intérimaires et les temps partiels sont exclus par la préfecture des Yvelines. Celles et ceux qui travaillent sous un autre nom n’avaient pas la possibilité de se faire connaître : l’exigence systématique des formulaires remplis et signés par l’employeur constitue un couperet difficile à surmonter pour beaucoup.

La plupart des sans papiers qui ont occupé la maison de quartier Gérard Philipe travaillent ou ont travaillé durant des années. Ils veulent faire reconnaître qu’ils sont producteurs de richesses en France, qu’ils sont intégrés et qu’ils méritent leur régularisation.

LA REPRESSION, CELA SUFFIT !!!!

Les contrôles incessants, les arrestations, les mises en centre de rétention et les expulsions pour tenir des objectifs chiffrés honteux, marquent le quotidien des sans papiers. Etre régularisé, c’est mettre fin à la peur et à l’angoisse.
Les occupations et les résultats obtenus ces derniers mois dans d’autres départements ont convaincu les sans papiers des Yvelines qu’il fallait à leur tour passer à l’action.

UNE OCCUPATION : DES GARANTIES

Durant les 15 jours d’occupation de la maison de quartier Gérard Philipe, la préfecture des Yvelines a montré qu’elle souhaite engager le dialogue pour une sortie positive du conflit.
Une réunion s’est tenue à Versailles, un dimanche, dès le troisième jour d’occupation. Les venues sur les lieux du Sous Préfet de Mantes la Jolie, suivies par celle de la Préfète elle-même, ont permis les discussions nécessaires avec les délégués des sans papiers.

Des garanties ont été apportées
- sur le processus d’examen des dossiers et pas seulement sur les 391 qui seront traités en premier
- sur l’état d’esprit qui présidera à l’examen des dossiers
- sur l’absence de répression

La mairie des Mureaux, que les sans papiers remercient pour l’aide matérielle apportée, a donné de son côté l’assurance que la municipalité continuera d’intervenir en tant que médiatrice.
Un millier de sans papiers, du département des Yvelines bien sûr, mais aussi d’autres départements sont venus à la maison de quartier Gérard Philipe.

Il n’était guère possible d’en accueillir d’autres sans remettre en cause les résultats attendus...

Garder l’unité du mouvement, éviter une issue dramatique avec une répression possible, ont amené la décision de cesser l’occupation. Mais la mobilisation n’en continue pas moins !

Une permanence se tient 3 fois par semaine (lundi, mercredi, vendredi) de 14h à 18h au 79 boulevard Victor Hugo près de la gare des Mureaux.

Des assemblées régulières auront lieu dans une salle des Mureaux pour faire le point avec les sans papiers.

Maintenant les garanties doivent se transformer en actes.
La vigilance s’impose et les sans papiers des Yvelines reprendront l’action s’il le faut.

Avec le soutien des associations et organisations :

ASTI Mantes, ATTAC 78 Nord, CEFY, CFDT Renault Flins, Collectif pour la Défense du Logement Social les Mureaux, Confédération Syndicale des Familles les Mureaux-Val de Seine, Droit Au Logement les Mureaux, DECIL Mantes, Ligue des Droits de l’Homme 78, MRAP 78, Nouveau Parti Anticapitaliste78, PCF les Mureaux, PCF Limay, Parti Socialiste78, Relais Citoyens les Mureaux, RESF 78, SMVSO CFDT, Solidaires 78, UD CFDT 78, Verts du Mantois....